Refus ADN - FNAEG Site de ressources sur le refus de prélèvement génétique

Liberation

dimanche 15 octobre 2006, par refusadn

Un militant anti-OGM qui ne s’était pas soumis au prélèvement de son empreinte génétique par les gendarmes était jugé vendredi à Alès.

Par Carole RAP QUOTIDIEN : Samedi 26 août 2006 - 06:00 Alès envoyée spéciale

« L e prélèvement est simplement un minibâtonnet dans la bouche », a déclaré la procureure Sylvie Vallet-Moulin au début de son réquisitoire. Pour sa défense, Benjamin Deceuninck avait déposé devant elle 4 324 signatures, soulignant qu’il n’avait eu que deux mois pour préparer son procès, un délai « un peu court pour un sujet grave, un sujet de société ». Ce faucheur d’OGM de 26 ans était jugé vendredi matin au tribunal correctionnel d’Alès (Gard) pour avoir refusé, le 23 juin, que la gendarmerie prélève son ADN ( Libération du 16 août), comme la loi le permet depuis 2003.

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Dérive. Ancien éducateur sportif installé comme paysan dans les Cévennes depuis fin 2004, il avait d’abord été condamné en septembre 2005 à un mois de prison avec sursis pour un fauchage de betteraves transgéniques remontant à 2001. « Est-ce qu’on va résoudre les problèmes sociaux par différents fichiers ? » a-t-il demandé, évoquant une « dérive vers une société totalitaire ». « Vous n’êtes pas dans une enceinte politique », l’a interrompu le président du tribunal, Fabrice Lecras. Dès le début, celui-ci avait donné le ton, expédiant en trois minutes les deux témoins du prévenu, des faucheurs d’OGM qui voulaient poser le problème des prélèvements génétiques. L’une parce que, condamnée comme Benjamin Deceuninck, elle n’y avait pas été soumise, soulignant l’arbitraire des fichages. L’autre pour raconter comment, sous la pression, il s’était résigné à donner son ADN. Le tribunal ne les a donc pas entendus. En revanche, il a été obligé d’écouter la lecture des lettres de deux anciennes résistantes, lues par Me Jean-Jacques Gandini, l’avocat de l’accusé : « Ayant connu les horreurs de la guerre 1939-1945, je m’inquiète de voir resurgir des méthodes que je croyais à jamais disparues [...], qui me semblent dangereusement liées à une société policière », avait écrit Odette Ester, 91 ans, qui n’a pu se déplacer. Me Gandini a demandé la relaxe, plaidant l’état de nécessité : « C’est l’ère du soupçon, car les empreintes vont être conservées pendant quarante ans. Le pays roi des fichiers, les Etats-Unis, est aussi celui qui a le plus fort taux de criminalité. » « Evidemment, le débat est politique, et je ne suis qu’un pauvre magistrat, a déclamé la procureure. J’ai lu comme vous George Orwell, "Big brother is watching you", mais ici il s’agit de la nécessité d’appliquer une loi. [...] Je veux bien imaginer que vous n’êtes pas un criminel, mais je ne peux pas opérer un distinguo entre le criminel avéré et le délinquant politique. Pourquoi ? Parce que vous avez aussi l’homme ordinaire, qui parfois dérape. » Elle a requis 500 euros d’amende, ne voulant pas « transformer [Benjamin] en martyr de la cause paysanne ou libertaire ». Anarchistes. Devant le palais de justice, près de deux cents personnes étaient venues soutenir le prévenu, surveillées par plus d’une centaine de policiers. Elles avaient débarqué de Lille, de Paris, de Montpellier ou des villages des Cévennes voisines. Beaucoup de faucheurs volontaires étaient là, comme Amandine, 28 ans, venue d’Aveyron « parce qu’on aimerait être soutenu si on était pris ». La plupart se réclamaient de la mouvance libertaire, adhérents à la CNT ou sympathisants anarchistes. Pour Annie, 53 ans, ex-enseignante et « anar sans étiquette », « le fichage, ça fait assez peur, on ne sait pas jusqu’où ça va aller ». Christine, elle, a été condamnée à 150 euros d’amende en mars pour avoir refusé le prélèvement de son ADN. Pour Benjamin, la décision sera rendue le 29 septembre.

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